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Instruire le tir

Ciblerie, la quête de l’idéal

By 11 mars 2020No Comments
Cible blanche et sans zone de score utilisée lors de l'apprentissage du tir

Partie 1 : le monde civil

Une cible, pour faire quoi ?

Généralement, dans le monde dit civil, vous arrivez au stand, vous prenez une cible C50, vous l’accrochez à 25m, vous revenez à votre poste, vous mettez vos équipements de sécurité, vous approvisionnez votre arme, vous chambrez une munition et vous tirez. Ce schéma est classique, routinier, quasi ritualisé mais au fait, pourquoi une cible C50 ? Pardon, la question n’est pas vraiment celle-là ! Votre cible vous sert à quoi ? A tirer dessus, oui, mais encore ? A voir vos impacts ? A compter vos points ? A corriger une erreur technique ? À quoi ?

A l’ENIT, nous partons du principe qu’à chaque objectif pédagogique à atteindre il faut avoir une cible dédiée. Cette vision permet de dégager 3 choix possibles :

  • je viens apprendre quelque chose de nouveau ;
  • je viens consolider des compétences en cours d’acquisition ou entraîner des compétences déjà acquises ;
  • je viens tester mes compétences.

En suivant ce raisonnement il faut 3 types de cibles, celles qui vont vous permettre d’apprendre des choses, celles qui vont vous permettre de les entraîner et celles qui vont vous permettre de les tester. Il est possible d’imaginer de « tout » mettre sur une seule et même cible mais si je dois avoir un mode d’emploi pour utiliser un morceau de carton, il y a quand même quelque chose qui ne tourne pas rond. Les Américains aiment l’acronyme KISS qui signifie « Keep It Simple, Stupid » ce qui pourrait être interprété par « reste simple, imbécile (que tu es !) ». Si cela fonctionne en aviation, en ingénierie, en programmation, en planification stratégique… cela fonctionnera aussi pour le tir, son instruction et sa ciblerie. Il faut quelque chose d’utilisable !

« La simplicité est la sophistication suprême »

Léonard de Vinci

ou

« Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher »

Antoine de Saint-Exupéry

Je me teste

Revenons-en à notre cible C50, elle sert à quoi ? Elle est zonée, il est possible de compter des points et d’établir une norme donc elle sert à tester une performance. Cette cible ne sert strictement à rien d’autre ! Il en est de même pour la cible ENIT (à télécharger ici), elle sert à valider le niveau technique d’un tireur. A 25 m, en 15 cartouches et moins de 2 minutes il est possible de dire si un tireur maîtrise, ou non, les bases techniques du tir (score minimum de 105 points sur un maximum de 150).

Cibles zonées afin de déterminer un score et donc d'établir un classement ou une hiérarchie

Ok donc si on peut compter des points, établir un classement, une hiérarchie ou quoi que ce soit du même genre cela sert à « tester ».

Je m’entraîne

Qu’en est-il d’entraîner des compétences ? Une excellente illustration de cela est la vidéo que Gaëtan, moniteur ENIT et responsable de la chaîne TapRack Gajoubert, a tourné avec Philippe Perotti alias PP, membre fondateur et maître d’armes (MA) à l’ENIT.

Philippe utilise 3 cibles qui servent à améliorer la prise en main, la maîtrise de la queue de détente et la visée. A ce niveau de votre lecture, vous vous dites qu’il serait intéressant d’essayer ces cibles, oui mais… non. Ces cibles d’entraînement sont faites pour être utilisées entre 1 et 5 m. Le tir ne s’apprend pas à 25 m car, à courte distance, l’apprenant est en situation de réussite immédiatement, pas à 25 m. Ok, vous avez gagné, elles sont disponibles au téléchargement par ici. Ne serait-ce pas plus judicieux de vous inciter à créer vos propres cibles ?

Cibles diverses afin d'entrainer des compétences en tir

Prenons l’exemple de celle qui permet de travailler la visée, et dans une moindre mesure la main faible, est-ce que la largeur du rectangle a été choisie au hasard ? Non ! Il a été calculé en projetant la largeur d’un guidon de Glock à 3 m. C’est de la trigonométrie et les aficionados du tir longue distance connaissent. Pour faire simple, un guidon de 4 mm avec une distance oeil-guidon d’environ 570 mm fait 7,2 mil OTAN !

Projection de la largeur d'un guidon de glock de 3 à 25 m

Cela signifie que votre guidon couvre une largeur de 160 mm à 25 m, 75 mm à 10, 37,5 mm à 5 m et 22,5 mm à 3 m. La bande sur le visuel de la cible pour entraîner la prise de visée fait 22,5 mm, si vous tirez à 1 m elle sera plus large que votre guidon, si vous tirer à 5 m elle sera plus étroite que votre guidon. A 25 m, votre guidon couvre le visuel du 8 de votre cible C50 (150 mm).

Vous saisissez l’idée ? Vous voulez entraîner quoi ? Quand vous avez votre réponse alors, et seulement alors, vous pensez cible.

J’apprends

Si vous voulez apprendre le tir, il faut travailler sur quoi ? Sur vous, pas sur la cible ! Les trous qu’il y aura dans la cible ne sont que les conséquences de ce que vous faites, à l’endroit où vous êtes, avec votre arme. Partant de là, il vous faut quelle cible et bien une feuille A4 vierge ou une cible C50 retournée, c’est parfait. Vous allez commencer à écrire une histoire avec chacun de vos impacts.

Cible blanche et sans zone de score utilisée lors de l'apprentissage du tir

Cette histoire va vous permettre d’orienter votre travail et donc vos entraînements de tir futurs. Petit à petit essayez de grouper vos impacts, 80 % dans la taille de votre main puis 80 % dans la taille de votre poing. Le tir c’est avant tout du mental et finalement peu de technique. Quand vous faites un superbe groupement il suffit d’un impact à côté pour saborder l’ensemble de votre séance et vous ne voyez plus que ce trou là et c’est la spirale descendante !

Un gong métallique peut aussi faire l’affaire car il vous donnera la quittance sonore de l’impact. Attention néanmoins à la sécurité liée à l’usage d’un gong métallique. L’avantage du gong c’est de vous permettre de vous détacher de la taille de votre groupement. Partez avec un gong de la taille d’une feuille A3, puis descendez sur quelque chose de plus petit.

A ce stade, on peut déjà tirer une première conclusion : la cible n’est qu’une infime partie de l’équation, vous êtes tout le reste. Commencez par savoir ce que vous voulez et vous finirez même par la faire vous-même votre cible idéale.

Bientôt la partie 2 : le monde professionnel… à suivre